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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 14:37

 

Le géosite de la Kasbah de Boulaouane se situe  à 75 km au SE d'El Jadida et à 125 km au SW de Casablanca,  sur un des méandres de l’Oued Oum-Er-Rbia qui fait 600 km long et prend sa source dans le Moyen Atlas à 40 km de la ville de Khénifra et débouche sur l'Océan Atlantique à Azemmour (région des Doukkala-Abda). Ce géosite comporte deux entités géologiques bien différenciées, un socle primaire essentiellement schisteux (schistes à Paradoxides) d’âge Cambrien moyen (513-501 Ma) recouvert en discordance par des conglomératsplio-quaternaires marins fossilifères. 

La régionde Boulaouane a un climat méditerranéen semi-aride tempéré à hiver doux. De point de vue géomorphologique et hydrographique, cette région se situe à la limite orientale de la plaine centrale des Doukkala, qui est généralement caractérisée par des limonsquaternaires. L’oued Oued-Er-Rbia représente le seul important cours d’eau pour la commune avec quelques petits affluents qui l’alimentent. Dans cette région, l’Oued a sculpté des vallées permettant ainsi l’affleurement des formations anciennes, essentiellement cambriennes, associées à un complexe filonien de roches magmatiques (dykes doléritiques). Le débit de ce fleuve, affaibli en dehors des crues, par l’installation de plusieurs barrages hydrauliques, dont deux situés respectivement en amont et en aval de la kasbah, serpente la vallée et offrant des méandres pédagogiques.

En plus de sa richesse géoscientifique, ce site est connu pour sa Kasbah (Kasba de Boulawane). Généralement ces bâtisses imposantes, spécifiquement berbères, construites sur des fondations de roches géologiques mais leurs murs sont montés de briques composées de paille et de terre. Les kasbahs étaient jadis des résidences des seigneurs mais les villageois y trouvaient aussi refuge en cas d’attaque. La Kasbah de Boulaouane, couronnant le géosite de Boulaouane, a été fondée vers 1710 par le Sultan Moulay Ismaïl pour contrôler les tribus berbères. La kasbah imposante par son site sur une haute falaise taillée dans des formations paléozoïques qui tombent abruptement sur la rive gauche de l'Oued Oum-Er-Rabia.

Certes, la Kasbah de Boulaouane est un trésor négligé au même titre que le milieu naturel dans lequel elle est construite. Sa position, en statut  de point mort entre deux vastes provinces, Koukkala à l’Ouest et Chaouia à l’Est, handicape tout projet d’exploitation. La kasbah de Boulaouane est un patrimoine historique et culturel à classer mondialement. Sa restauration, tellement nécessaire, dans le prochain avenir, serait une action louable en vue de promouvoir des projets dans le cadre du tourisme rural lequel est une ressource économique de valeur. 

 Boulaouane a toujours évoqué pour l'étranger, "Le Gris ", ce bon vin des caves de l'ère coloniale qui continue à être vinifié au Maroc. La viticulture au Maroc et la plantation des premiers vignobles remonte aux Phéniciens et à la colonisation romaine. Aujourd'hui, le Maroc fait partie des états membres de l'organisation internationale de la vigne et du vin. La cave de Boulaouane a été fermé depuis plusieurs années. Une nouvelle cave a été construite à une dizaine de km, direction Aounate.

La Kasbah de Boulaouane, classée monument historique national par dahir depuis 1925, surplombe la colline et les plaines en face, délabré, mais avec beaucoup de ressource et qu’on aimerait voir retrouver sa parure d’antan sans oublier les vignobles une icône dans les caractéristiques spécifiques de la région. Le géosite de la Kasbah de Boulaouane, longtemps délaissé, constitue pourtant un site stratégique pour le développement touristique et culturel de l’arrière-pays d’El Jadida. Bien qu’éloignée de l’axe routier, la Kasbah est très visitée par les nationaux et par de nombreux étrangers. Elle figure dans le guide Routard, dans les brochures nationales et dans de nombreux sites web. 

La Kasbah qui constitue un patrimoine culturel et architectural unique dans son genre, est encore à l’abandon et aucun plan d’urgence n’est mis à exécution. Ce site, vue sa richesse géologique, géographique, culturelles et sa beauté scénique mérite d’être valorisé dans le cadre de faire de la région des Doukkala-Abda un géoparc qui inclurait le complexe volcanique cambrien et le bassin triasique de Sidi Saïd Mâachou, l’embouchure d’Oum Rabia, les rhyolites précambriennes de Sidi Daoui, la falaise de Jorf Lasfar, les lagunes d’Oualidia et de Sidi Moussa, la falaise de Lalla Fatna, la Falaise de Sidi Bouzid, les anciennes carrières d’argile et de barytine. La valorisation de ce patrimoine naturel permettrait à d différentes communes de cette région de développer localement et d’une manière durable à travers le géotourisme et l’écotourisme.

Cette valorisation devrait consister en :

1/ Installation des panneaux indicatifs au niveau des différents croisements des voies menant à la Kasbah ;

2/ Entreprendre des fouilles dans le reste de la Kasbah et assurer sa restauration ;

 4/ Préparation des dépliants publicitaires, panneaux interprétatifs, des cartes postales, des livrets guides, un site web…etc

5/ Etablir un bureau d'information à l'entrée de la kasbah tout en lui assurant un gardiennage permanent ;

8/ Intégrer le géosite du Kasbah de Boulaouane dans un circuit géo-éco-touristique qui passerait par les géosites de Sidi Saïd Mâachou, les fauconniers de Lakouassem, les Tazotas qui sont des constructions monolithiques sèches caractéristiques de la région des Doukkala et par les souks hebdomadaires de la région.

9/ La notoriété de la Kasbah aide à faciliter la promotion des potentialités éducatives, scientifiques et culturelles du géosite de kasbah de Boulaouane. Une étude historique détaillée s’avère nécessaire. L’étude des pierres et des matériaux utilisés dans la construction du kasbah peut apporter un plus au visiteur et lui permet de comprendre comment cet édifice a été construit.

10/ Organisation d’événements culturels sur le site (Conférence, compétition, peinture, festival,…) peuvent attirer également beaucoup de touristes marocains et étrangers.

11/ Le renforcement des infrastructures routières et hôtelières s’avère nécessaire pour faciliter l’accès au site (hôtel et de gîtes ruraux). Le site doit être relié aux réseaux d'eau, d'électricité et de télécommunication ;

14/ Former les habitants des douars riverains pour qu’ils puissent guider les visiteurs de ce géosite. Il faudrait aussi les sensibiliser à l’importance de la préservation du site en leur démontrant l’intérêt que ce dernier peut jouer dans le développement socio-économique de leur région et en les impliquant dans les prises de décisions.


Camara M., Errami E., Ennih N., Guerraoui N., Zitoune I., Enniouar A., Choukri A., El Attari A.

Equipe de Géodynamique, Géo-éducation et Patrimoine Géologique (EGGPG), Faculté des Sciences, B.P. 20, Département de Géologie, Université Chouaïb Doukkali, El Jadida, Maroc. Email : erramiezzoura@yahoo.fr

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